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Les Odonates

Quelques généralités

 

Communément appelées Libellules, ce groupe d'insectes est ainsi nommé sous l'ordre des Odonates. Ce groupe est caractérisé par un cycle de vie en une phase larvaire aquatique, et une phase adulte aérienne. Ce sont dans les deux cas de redoutables prédateurs caractérisés par de puissantes mandibules en guise de pièces buccales.

 

Après la ponte, les larves grandissent en milieux aquatiques pendant quelques mois à quelques années selon les espèces. Une fois mature, la larve se hissera à l'extérieur de l'eau pour se métamorphoser en libellule adulte, autrement appelé imago. Lors de cette étape plus ou moins longue, un exosquelette vide aux formes de la larve sera laissé pour seule preuve, il s'agit de l'exuvie de libellule. 

 

Les Odonates constituent un groupe relativement petit en nombre d'espèces, mais cependant bien connu et qui compte à l'heure actuelle environ 7000 espèces différentes (Kalkman et al., 2008). Bon nombre sont encore à décrire scientifiquement, et d'autres à découvrir.

 

À un niveau phylogénétique inférieur, les espèces de libellules se différencient en 3 sous-ordres : 

- les Zygoptères plus largement connus sous le nom des "demoiselles"

- les Anisozygoptères avec seulement quelques espèces dans le monde

- les Anisoptères généralement appelés les libellules "vraies"

Ces sous-ordes sont ensuite divisés en familles, genres et espèces, comme représenté par l'arbre phylogénétique ci-contre (selon Frasers, 1957). Des études moléculaires plus précises pour connaître les degrés de parenté entre familles constituent les dernières recherches sur la phylogénie (Rhen, 2003).

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Structure de l'aile et coloration typique chez la Libellule déprimée, Libellula depressa

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Cercoïdes (pièces génitales mâle) chez différents zygoptéra

Utiliser les libellules

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Arbre phylogénétique selon Frasers

(adapté de : Rhen,  2003)

Caliaeschna microstigma

Caliaeschna microstigma

Samos Island © Célia Ferry, 2018

Crocothemis erythraea

Crocothemis erythraea

Samos Island © Mathias Kalfayan, 2018

Orthetrum cancellatum

Orthetrum cancellatum

Samos Island © Mathias Kalfayan, 2018

Trithemis arteriosa (exuvia)

Trithemis arteriosa (exuvia)

Samos Island © Régis Krieg Jacquier, 2018

Anax imperator

Anax imperator

Samos Island © Mathias Kalfayan, 2018

Identification

Pour être rigoureux, un certain nombre de critères sont à observer minutieusement lors de l'identification d'une libellule.

Bien que les critères morphologiques de certaines espèces/genres soient assez caractéristiques pour ne pas porter à confusion, d'autres se ressemblent fortement. Il convient donc d'utiliser une clef d'identification (Pour ma part : Dijkstra & Lewington 2006) en observant des critères complémentaires.

  • Les ailes

Les ailes présentent des assemblages de cellules particuliers qui apportent des informations fiables sur les espèces et genres. On peut notamment observer : le ptérostigma (1), les nervures transversales antenodales (nta)(2), le triangle anal (3) et bien d'autre cellules des ailes.

Parfois, d'autres critères comme la coloration des ailes ou des nervures elles même peuvent être utilisés.

  • Le corps

Ce corps ​est composé de la tête, du thorax et de l’abdomen qui peuvent tous présenter certaines particularités. Sans parler des colorations parfois spécifiques qui permettent l'identification, l'aspect morphologique général peut être utilisé,

Exemple : amincissement de l'abdomen, tête relativement grosse...

  • Les pièces génitales

L'observation des pièces copulatrices procure des critères d'identification fiables, puisqu'elles sont uniques entre les espèces. Pour les mâles, l'observation de l'hameçon sous le premier segment de l'abdomen ou les cercoïdes (crochets à l’extrémité de l'abdomen) sont généralement utilisés. Pour les femelles, c'est l'observation de la lame vulvaire située sous le segment 9 qui est requise.

  • La coloration

Les critères relatifs à la couleur des individus sont à manipuler avec précaution. D'une part, certains critères sont relativement fiables et ne varient pas, comme la couleur des pattes, du corps ou des ailes. En revanche, certains groupes d'espèces peuvent changer de couleur au cours de leur vie, ou simplement être trop généraux.

Il est largement admis que le groupe des libellules est indicateur des hydrosystèmes, et qu'il répond aux changements structurels de l'environnement (Corbet, 1999). ​En revanche, il faut savoir que leur résistance à la pollution de l'eau permet difficilement de les utiliser en tant que bioindicateurs de la qualité de l'eau, particulièrement en ce qui concerne les métaux lourds (Tollet et al., 2009).

Ainsi, de nombreux protocoles sont basés sur l'inventaire des odonates (Chovannec & Waringer, 2001, 2005 ; Kutcher & Bried,  2014 ; Golfieri et al., 2016 ; Martin & Maynou, 2016) pour suivre et gérer les changements sur les milieux naturels. L'étude des cortèges d'espèces est donc largement utilisée pour suivre les changements environnementaux. Au Japon, ​les populations d'Odonates ont répondu aux changements de régime hydrologique modifiés par l'agriculture (Kadoya et al., 2009). De même en Inde face à des changements majeurs sur la ripisylve (Subramanian et al., 2008). Certaines études montrent même des liens entre réchauffement climatique et population de libellules (Flenner & Sahlen, 2008 ; Richter et al., 2008), grâce à de nombreuses années de suivi.

À l'heure actuelle, d'autres recherches s'orientent sur ​l'utilisation des odonates en bio-contrôle sur les moustiques et leurs larves (Sebastian et al., 1990 ; Saha et al., 2012), considérant les maladies véhiculées par cet insecte. Des introductions de libellules peuvent réduire significativement les densités de moustiques dans certaines conditions (Mandal et al., 2008).

En quoi les libellules sont elles importantes ? 

Comme toute composante d'un écosystèmes, chaque espèce ou groupe d'espèces assurent une fonction dans les processus naturels. 

 

De par leur niveau relativement bas dans les chaînes trophiques, les libellules maintiennent beaucoup d'autres organismes. En effet, au sein des chaînes alimentaires, elles sont les prédateurs de nombreux autres insectes et régulent donc leur nombre (notamment les moustiques), mais elles sont aussi la proie d'autres animaux comme les oiseaux, amphibiens, araignées, ... dont la survie est liée à ces insectes.

De plus, certaines espèces de libellules sont très localisées et par conséquent rare. Elles font partie du patrimoine naturel et de l'identité d'un territoire.

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